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Marie-Rosalie Olive, 1851 - Une famille noyautée

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Marie-Rosalie Olive

En résumé
  • Année: 1851
  • Commune: Écrammeville
  • Département: Calvados
  • Arme: À mains nues
  • Sexe: Femme

Nous sommes en 1851 à Écrammeville, village du Calvados où réside la famille Olive. Baptiste-François Olive, un ouvrier de cinquante-trois ans, est mariée à Marie-Rosalie, une journalière d'un an sa cadette. Le couple a deux enfants, notamment une fille de vingt ans vivant toujours avec eux, Marie-Anne, journalière comme sa mère. La famille loge aussi ponctuellement son prétendant, un homme de quarante-cinq ans nommé Leprunier dont le père ne raffole pas, a fortiori lorsqu'il prend racine, bien conscient de lui offrir en l'hébergeant l'occasion de fricoter avec sa fille. Mais Leprunier a promis de l'épouser et madame Olive a plaidé en sa faveur, il ravale donc son chapeau, espérant s'attirer un peu de considération.

Depuis en effet un certain temps il dort seul dans une pièce non chauffée, privé de sa femme rejoignant confortablement près de la cheminée les bras de Morphée. La journée elle rejoint volontiers ceux de son amant, une infidélité dont son mari est certainement conscient aussi, mais l'identité du saligaud lui réserve une horrible surprise. L'amant est Leprunier, dont sa femme a fomenté la relation avec leur fille afin de l'introduire dans le foyer. Et il n'épousera personne, il est déjà marié. Censé être veuf, il a en réalité abandonné sa femme et son enfant. Le fruit ne tombant jamais loin de l'arbre, la petite Olive s'est très bien acclimatée dans ce ménage à trois sordide avec sa mère.

Mais l'intrigue ne dure pas. Baptiste-François Olive démasque finalement Leprunier et le chasse de chez lui, devenant alors le diable aux yeux de sa femme et sa fille...

Crime de Marie-Rosalie Olive

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Le chef de famille est désormais traité comme un paria dans sa propre maison. Elles ne lui adressent même plus la parole, sauf pour le provoquer, se voyant comme des victimes de sa tyrannie. Et elles continuent ouvertement de fréquenter Leprunier, chez lui. Sidéré par leur hystérie, Baptiste-François Olive se confie à ses proches, mais de son frère à sa voisine Marie, personne ne sait comment l'aider.

Le 15 juin, elles sont vues en public à Sainte-Honorine-des-Pertes avec Leprunier, assumant pleinement leur trio contre-nature. Alerté, Baptiste-François Olive gifle aussitôt sa fille, elle en tombe. Sa femme tente alors de l'étrangler. Repoussée, elle le menace: "Va, vieux gueux ! Nous ne sommes pas de force pour te foutre des coups, mais je t'empoisonnerai !". À compter de ce jour, il ne fait plus aucun repas chez lui.

Le 13 juillet au soir, si l'ambiance est à la bonne humeur en cette veille de Fête Nationale, Baptiste-François Olive est au plus mal, s'enivrant chez son frère pour oublier. Il rentre chez lui vers vingt heures, sa fille lui cherche aussitôt querelle. Endormie, sa femme se réveille et en rajoute. Cette fois la coupe est pleine, il la met à la porte: "Tu ferais bien de te chercher une place ! […] Je ne veux pas que tu restes chez nous, va-t-en avec Leprunier !". Mais elle compte bien rester. Profitant de son ivresse pour prendre le dessus, elle le pousse près de la cheminée. Elle se jette ensuite sur lui et l'étrangle, aidée de sa fille pour l'immobiliser. "Ma pauvre fille, ne le lâche pas, pousse-le ferme ! Il vaut mieux tuer le diable que le diable nous tue !". Trop alcoolisé pour se libérer, il commence à défaillir. Marie-Rosalie Olive dit alors à sa fille de couvrir le nez et la bouche de son père avec ses mains. Quatre ou cinq minutes plus tard, il meurt.

Traîné ensuite dans sa chambre, il est placé sur le dos à un mètre environ du lit. Vers vingt-deux heures, les deux femmes alertent les voisins, leur déclamant un scénario simple: il est tombé du lit et ne respire plus, mort d'ivresse. La fille Olive incrimine la buvette du coin: "Mon pauvre papa, étant allé à la Cambe, a bu toute la journée. On lui a donné de l'eau de vie empoisonnée ! C'est un homme qui est mort !". Seulement voilà, personne n'y croit. S'il était tombé du lit, le lit serait défait. Il est en outre habillé, il porte même ses sabots. Marie-Rosalie Olive rectifie. Se préparant à aller dormir, il a chuté de la chaise à côté du lit sur laquelle il s'appuyait. Mais où est cette chaise ?

Une fois sur place, les gendarmes décident d'enquêter. Pour l'instant laissées en liberté, mère et fille ne se font guère d'illusion, l'étau est déjà en train de se resserrer.

Le lendemain, Marie-Rosalie Olive enjoint sa fille de se noyer avec elle dans un abreuvoir, mais pour une fois, sa fille lui résiste. Elle renonce. Sans doute voulait-elle la noyer et faire passer sa mort pour l'aveu tragique d'une parricide solitaire.

Procès de Marie-Rosalie Olive

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Le procès s'ouvre le 11 août 1851.

Baptiste-François Olive était apprécié à Écrammeville. Laborieux, fiable et d'un caractère facile. Ses déboires familiaux en attristaient plus d'un, son meurtre a bouleversé tout le village, car c'est un meurtre, personne n'en doute. La salle du tribunal est donc pleine de villageois endeuillés. Si justice n'est pas rendue, l'émeute est à craindre.

Les accusées n'en démordent pas, Baptiste-François Olive est mort d'avoir trop bu. Le rapport d'autopsie est cependant formel, il est mort étouffé et les traces de lutte abondent sur son corps profondément griffés à de multiples endroits. Les témoignages abondent aussi, notamment de passants ayant entendu des cris et des invectives émanant de la maison des Olive le 13 juillet au soir.

Face à l'évidence, Marie-Anne Olive est la première à céder, elle avoue tout. La mère résiste encore un peu mais lui emboîte finalement le pas.

Marie-Rosalie Olive, redevenue Marie-Rosalie Jarre, est finalement condamnée à mort ; elle sera exécutée comme Georgette Thomas, vêtue d'une chemise blanche et d'un voile noir. Marie-Anne Olive est condamnée aux travaux forcés à perpétuité. Il est une heure du matin, les villageois sont soulagés, justice a été rendue.

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Publié par sur Caedes le 31-10-2023

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